Pourquoi l’argent est un enjeu majeur du divorce ?
L’argent est un enjeu majeur lors d’un divorce. Inutile de le cacher ou de faire semblant que ce n’est pas le cas. Il est un moteur de motivation et un élément central de la procédure. Pour l’autre, pour les enfants et pour soi-même.
L’argent est il le moteur du bonheur ?
C’est un constat que nous pouvons tous faire et qui est sans appel. Dans la vie, sans un minimum de moyens, il est difficile de s’en sortir. Il est difficile d’être satisfait, de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres.
Manquer d’argent revient à engranger des frustrations de plus en plus importantes car dans notre société, tout est fait pour nous faire dépenser notre argent. Souvent dans des choses futiles mais c’est un débat que je n’ouvrirais pas maintenant 😃
Que vous gagniez le SMIC ou 10 fois le SMIC, tout est prévu pour qu’à la fin du mois, vous gardiez le minimum possible dans vos poches. L’enjeu est de faire circuler l’argent dans le commerce pour « faire tourner le système ».
Vous serez d’accord avec moi, je pense, si je résume ainsi la situation. Non, l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue un peu si on sait l’utiliser à bon escient et si on en a quand même un peu.
Séparation et baisse du niveau de vie
Lorsque vous étiez en couple, vous formiez une équipe et cela passait par le rassemblement de vos moyens financiers. C’est un calcul implacable, à deux, vous aviez plus de rentrées financières et donc vous :
* faisiez plus de projets (voyages, loisirs, sorties…)
* viviez dans un logement plus grand
* aviez une plus grande garde robe
* … la liste est longue
La situation change souvent de manière radicale lorsque survient la rupture. Vous devez déménager et engager des frais importants que vous n’aviez pas prévu. Vous devez engager une procédure de divorce qui va ajouter des dépenses supplémentaires et il y aura également tous les imprévus de la vie qui pourront s’ajouter à tout cela.
Cette instabilité dans votre vie va enclencher un instinct de survie en quelque sorte. L’incertitude est généralement mal vécue et tout un tas de questions commencent à trotter dans la tête:
* Comment vais je faire ?
* Que vais je devenir ?
* Par où dois je commencer ?
* Il y trop de choses à penser
* Je ne m’en sortirai jamais
Et la seule certitude que vous avez c’est que vous devez payer plein de choses. Et par la suite que votre situation sera plus difficile en solo qu’à deux. Il y a toujours quelques astuces pour faire des économies et sauvegarder ses intérêts mais cela n’enlève pas le sentiment d’insécurité.
Les disparités hommes – femmes
C’est exactement à ce moment là que la différence historique de statut social et salarial entre les hommes et les femmes va entrer en ligne de compte. Souvent à l’avantage des femmes et aux détriments des papas.
Historiquement, les hommes ont toujours travaillé pour subvenir aux besoins du foyer composé de l’épouse et des enfants. Pendant que les hommes passaient leur journée au travail, les femmes s’occupaient de la maison et de l’éducation des enfants.
C’est un schéma qui est de moins en moins vrai et depuis plus de 20 ans, nos hommes politiques s’emploient à rétablir peu à peu un équilibre des forces. Aujourd’hui, il y a très peu de femmes qui ne travaillent pas pour souci d’émancipation, d’indépendance mais aussi parce que pour survivre, il faut rentrer deux salaires.
Malheureusement, les femmes sont historiquement moins payées à poste équivalent dans nos entreprises françaises. Et c’est ce qui va faire toute la différence pour la suite à l’issue de la procédure judiciaire.
La justice française n’a pas beaucoup bougé dans ses positions et conserve un certain archaïsme en faveur des femmes lorsqu’il s’agit de définir la garde des enfants, la pension alimentaire et l’indemnité compensatrice au titre de la différence de niveau de vie.
Le prisme pris par les juges est souvent du côté de la maman car il y a de forte chance que son niveau de salaire soit moins élevé que celui de monsieur. La maman sera souvent plus disponible pour s’occuper des enfants donc on considère que l’homme qui gagne mieux sa vie peut contribuer plus ou moins au niveau de vie des enfants chez leur maman.
Alors, je ne vais pas créer un débat, ce sont les faits et il est certain qu’on peut être « plus disponible » pour ses enfants et ne pas s’en occuper. Et à l’inverse, on peut être moins disponible et beaucoup mieux s’occuper de ses enfants. Mais bon, au 21ème siècle même si les mentalités bougent un peu, la séparation et le divorce font cas d’exception semblerait il.
On m’a récemment posé cette question très intéressante. Pourquoi y a t-il autant de vénalité au moment du divorce ?
Et j’ai tenté d’y répondre avec mes maigres éléments dans cette vidéo et écrit cet article en complément.
Je suis persuadé qu’il y a au moins 3 facteurs qui exacerbent la vénalité au moment du divorce.
La perte de moyen financier et l’insécurité associée
J’en ai parlé plus haut mais lorsque vous êtes une femme et que vous devez subvenir aux besoins de vos enfants et que vous perdez du pouvoir d’achat, il y a un mélange d’intérêts personnels et familiaux qui provoquent une alchimie particulière.
Comment être une bonne maman et continuer à vivre comme avant en se faisant toujours autant plaisir ?
A ce stade de la vie, cela ne passe pas par la recherche d’un job plus avantageux ou un moyen de gagner mieux sa vie. Ni par une prise de recul qui pourrait être que la situation va être un peu difficile pendant un temps donné et une fois la situation stabilisée, elle pourra s’améliorer ensuite.
Non, il y a une manne d’argent à portée de main avec la pension alimentaire. C’est souvent plus facile de se projeter avec la pension alimentaire car :
* Elle est due (et je ne remets pas en cause ce fait c’est normal de participer financièrement pour ses enfants)
* C’est rapidement mis en place
* C’est officialisé par une autorité supérieure
* On en fait ce qu’on veut, personne ne demandera des comptes
* Elle peut évoluer et être révisée si nécessaire
C’est assez humain dans le fond et si nous nous mettons à la place de l’autre, nous n’agirions pas autrement. Il faut être honnête.
L’influence du cercle social et familial
A ce facteur d’insécurité lié au manque de moyens s’ajoute l’influence des personnes qui gravitent autour de votre ex:
* la famille
* les amis proches
* les amis de circonstances
Pour chaque catégorie de personnes, il y aura des prétextes pour attiser la convoitise. Soyez en convaincu, rares seront les personnes qui prendront du recul pour se mettre à votre place. Personne ne se souciera de vos moyens pour subvenir à vos besoins ni à ceux que vous aurez pour passer du temps de qualité avec vos enfants quand vous les accueillerez.
C’est encore pire si jamais vous n’étiez pas « trop aimé » et si quelqu’un de ce cercle avait un grief contre vous (sans forcément que vous le sachiez).
Il y a même des situations où on vous considèrera comme « un gars bien », une bonne personne et avec ce titre honorifique, il est normal de bien se comporter et donc de payer un max. C’est être gentleman après tout !
Je termine par les amis de circonstance. On a tous identifié cette amie qui a été trompée par son mari et qui a vécu un enfer suite à sa séparation. Et bien ne soyez pas étonné de la retrouver proche de votre ex. Elle revit sa séparation et compte bien prendre sa revanche sur son ex (oups non sur vous) bien que vous n’y soyez pour rien.
Ce sont là les facteurs qui peuvent attiser le sentiment que l’argent est réellement un enjeu très important pour votre ex au moment du divorce.
L’esprit de revanche
Je vais faire grincer des dents certains mais si vous ne vous étiez pas bien comporté, vous allez manger.
Quel est votre niveau de responsabilité dans votre séparation ? Comment est il perçu ? Qui connait la vérité ? Qui la déforme et qui l’arrange pour satisfaire sa conscience ou ses besoins ?
Si vous êtes allé à la faute, vous avez déclenché tous les éléments contre vous. Si vous êtes empêtré dans des conflits sans fin avec votre ex, et même si vous n’êtes pas en tord, vous allez déclencher l’esprit de revanche.
Quand cet esprit de revanche est activé, votre adversaire n’a qu’une idée en tête. Vous faire mordre la poussière, le plus souvent possible et le plus durement possible.
Vous ne pouvez pas rester dans cette situation si jamais c’était votre cas.
L’argent devient un levier extrêmement efficace pour vous faire mal, vous faire payer votre faute car c’est la solution bête et méchante. Et dans cette situation, il n’y a rien de plus facile à faire.
La situation des hommes dans tout cela
Ce qu’on voit peu, ce qu’on ne sait pas, c’est que celui qui paie la pension et parfois une indemnité compensatoire traîne ces dépenses comme un boulet.
Je vais vous parler de ce que je connais de mieux, de mon histoire. Je ne vais pas me cacher, je gagne très correctement ma vie.
Au moment de la séparation, je suis cadre dans un groupe du CAC40 et la pension que je paie même en garde alternée est assez élevée. Mon ex femme qui ne travaille pas (comprendre elle est disponible) et cette situation fait en sorte que la pension est déjà élevée. Cette même situation fera en sorte que je n’aurai pas deux ans plus tard la garde de mes enfants quand je l’ai demandée.
Et à ce moment là, la pension alimentaire que je paie représente 1/5 de mon salaire.
Je me loge en location pour 1/3 de mon salaire dans un appartement loin de mon travail et même si je me rapproche ensuite le loyer ne baisse pas, bien au contraire.
Suite à la perte de la garde de mes enfants, je ne peux plus les déclarer à charge lors de la déclaration des impôts. Je n’ai plus non plus de part d’allocations et les impôts me considère comme un célibataire (vache à traire) donc je paie beaucoup (trop) et malgré ma bonne situation, je ne suis plus en mesure de mettre de l’argent de côté (ou très peu) pour emmener mes enfants en vacances ou payer des activités.
Je ne parle pas non plus de projet d’achat immobilier souvent réduit à néant. La capacité d’emprunt étant quasi nulle.
C’est une réalité que beaucoup de papas connaissent. Se lever, travailler dur pour au final ne pas pouvoir profiter du fruit de son labeur. C’est très déplaisant et encore plus quand on peut voir que par ailleurs il y a des cas où la pension n’est « pas bien utilisée » .
C’est en tout cas cette réalité qui fait que les papas vivent très mal le fait de ne pas avoir la garde, de payer pour « on ne sait pas vraiment quoi au final» et ne plus avoir de moyens pour en profiter avec ses enfants.
On oublie souvent en plus qu’il faudra mettre de l’argent de côté pour les grandes étapes de la vie de nos enfants :
* permis de conduire
* école et études
* mariage (de moins en moins certain)
* emménagement
* coups durs de la vie
Et si celui/celle qui reçoit la pension ne prend pas soin de faire un peu d’économie avec ce qu’il/elle reçoit, il faudra prendre ses responsabilités et faire des efforts supplémentaires. Trouver des solutions.
Pour terminer sur l’argent enjeu majeur du divorce…
En résumé, je n’écrivais pas cet article pour partager particulièrement les difficultés du quotidien des papas divorcés mais le sujet m’y a conduit quand même.
L’argent est un élément clé pour tout le monde. Il détermine beaucoup de choses mais personnellement je refuse qu’il définisse mon niveau de contentement et de bonheur. Mais c’est un travail sur moi de tous les jours.
Ce n’est pas le cas malheureusement pour tout le monde et au moment de la séparation et du divorce, c’est un enjeu majeur. Il faut se préparer au mieux.
Souvent pour la survie individuelle et celles des enfants dans l’avenir. Aussi par vengeance et par manque de recul sur ce qu’est réellement « le bien être des enfants ». Mais surtout car le système le permet et que la lutte pour l’égalité homme femme sur le divorce, la garde des enfants et la part de chacun pour contribuer à une relation équilibrée et juste doit encore bien évoluer.
Il y a du boulot.
Le chemin sera long mais comme je me plaît à le dire : Ensemble on est plus fort, ensemble on va plus loin !